C’est vrai que le mandat de François Hollande n’est pas encore arrivé à son terme, mais comme il semble travaillait autant que Penelope Fillon en ce moment, il est peut-être temps de faire le bilan de ces cinq ans. Ça ne surprendra personne, personne ne veut assumer son bilan, ni Hamon qui a assez vite quitté le gouvernement, ni Macron qui pourtant… Ni Hollande lui-même d’ailleurs, qui a fini par laisser le bébé à Manuel Valls qui… Enfin vous connaissez la suite. J’avais voté pour Hollande en 2012, aux deux tours, et vous vous souvenez peut-être de l’article au vitriol que j’avais écrit l’année dernière. Finalement il a abandonné, et c’est peut-être la meilleure chose qu’il ait fait de son quinquennat.
Il avait conditionné sa candidature à une baisse de la courbe du chômage. Mais même si ces derniers mois fait du yo-yo, il ne faut pas nier qu’il a échoué. Surtout quand on sait qu’il a essayé de la baisser de force en envoyant les chômeurs en formation pour les changer de catégorie. Après si derrière ils retrouvent du travail, pourquoi pas, les politiques, de gauche comme de droite en semblent convaincus, il n’y a qu’à voir les moyens qu’ils mettent pour recaser les chômeurs. On ne verra les effets que dans un an ou deux, c’est à dire sous le prochain président. Mais depuis son élection, le chômage n’a fait qu’augmenter, alors il pouvait faire porter le chapeau à Sarkozy pendant un moment, mais c’était assez hilarant de voir les trésors d’ingéniosité que les ministres du travail pouvaient trouver pour ne pas parler de hausse. (D’ailleurs il y en a un qui en a eu tellement marre de cette usine à gaz qu’il a préféré redevenir maire…) Il y a eu d’abord le CICE, je sais pas si vous souvenez, mais à l’époque Pierre Gattaz, patron du Medef promettait de créer un million d’emplois. Au final, on parle d’un sauvetage de cinquante à cent mille emplois. Sauvetage, pas création. Et autant dire que ça a coûté un bras cette mesure. Je vais poser la question qui tue : où est parti le pognon ? Je pense que chacun aura son idée sur la question. Puis il y a eu la loi travail. La fameuse. Passée en force malgré bon nombre de manifestations. Pour finir, on en entend plus parler. Il faudra attendre plusieurs années pour voir réellement les effets, mais j’avoue que je ne suis pas vraiment concerné, travaillant dans le public.
Puisque je parle des manifestations de l’année dernière, il est temps de parler d’un autre truc qui est parti en couille : la sécurité. Il y a d’abord eu l’attentat de Charlie Hebdo puis de l’Hyper Cacher en janvier 2015, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et enfin le camion fou du 14 juillet 2016 à Nice. Je ne ferai pas le compte des morts, il y en a eu beaucoup trop. Surtout que j’oublie les attaques de moins grande ampleur. Je suis pas un spécialiste en sécurité, mais il y a des choses qui ont merdé dans la surveillance des acteurs. Bon après je ne parlerai pas des vautours qui ont trainé autour de ça, certains s’en sont donnés à cœur joie, mais je ne suis là pour parler d’eux aujourd’hui. Après ça il y a eu les lois de surveillance qui sont une vraie atteinte à la vie privée, mais au final ils en ont pas fait de cas, puis la déchéance de nationalité qui a dû être abandonné après avoir provoqué le départ de Mme Taubira du gouvernement. Sans compter les exactions de certains membre de la police, que ce soit pendant les manifs ou récemment avec les affaires Adama Traoé ou Théo. Puis il y a l’état d’urgence, que personne n’ose terminé alors que ça ne sert plus à rien. En plus ces derniers jours c’est assez festif.
Une autre des grandes promesses de François Hollande était la création de soixante mille postes dans l’éducation nationale. Alors j’ai pas les chiffres exacts en tête, mais l’objectif n’a pas été rempli, je crois qu’il ne doit l’être qu’à 75%. Certaines matières n’ont pas assez de candidats, je pense aux mathématiques, mais il y a d’autres domaines. Et je doute que recruter des personnes qui n’ont même pas eu la moyenne soit la meilleure des idées. Le métier ne fait plus rêver, j’ai hésité à devenir prof, mais franchement, vu ce qui se passe, je suis très bien comme ingénieur. Puis bon, l’idée d’être envoyé sur Paris n’est pas vraiment attrayante, sans compter qu’il y a la possibilité de ne pas être titulaire, avec toutes les emmerdes que ça implique. Au passage, je lisais hier dans le « Canard Enchaîné » qu’ils manquaient de professeurs remplaçants et qu’il n’était pas rare que les élèves se retrouvent quelques temps sans enseignant. Sinon, la promesse de réformer la formation des enseignants a été tenue, même si ce n’est pas forcément génial, au moins elle a été faite. Pour la réforme des rythmes scolaires, là, je passe, j’avoue que je ne m’y connais pas assez. Bon après certaines villes ont eu quelques problèmes. En revanche, quelque chose qui m’a sidéré : cette année, les vacances de Toussaint était du mercredi soir au mardi matin, soit disant pour que les élèves aient sept semaines de cours. Pour laisser six semaines et demi derrière ? Enfin la réforme du collège. Le massacre. Vous les faites comment vos lois à Grenelle sérieusement ? Vous ne consultez pas des profs, des spécialistes de l’apprentissage ? On est pas assez mauvais à PISA, faut encore aller plus bas ? Après je sais pas si c’est moi, mais le brevet et le baccalauréat sont devenus faciles. Enfin plus facile qu’en 2005 et 2008 quand je les ai passés.
Je vais passer rapidement sur le déficit. L’objectif c’était que le budget de l’état soit à l’équilibre pour 2017. C’est raté. On n’est même pas aux 3%, même s’il y a des excuses. Le vrai soucis c’est qu’à vouloir être trop optimiste, on finit toujours déçu. Alors bien sûr, ça râle à Bruxelles, même si heureusement pour nous l’Italie, l’Espagne et la Grèce ne sont pas mieux. D’ailleurs pour la renégociation du traité européen, on repassera. L’Allemagne domine toujours les débats, et les anglais ont filé… à l’anglaise. Sans compter que le CETA pourrait bien finir par être adopté, le TAFTA ayant été enterré de l’autre côté de l’Atlantique. Après difficile d’oublier les hausses d’impôts du début du quinquennat, même si par la suite ça a baissé. L’autre soucis, c’est le financement des collectivités. Celui-ci ayant baissé, les impôts fonciers et locaux ont augmenté. Dans le Nord, ils se sont retrouvés dans l’incapacité de payer le RSA parce que l’état ne payerait pas assez (enfin c’est ce qu’ils disent…), du coup ici ils font tout pour remettre les gens aux travail.
Au niveau sociétal, la principale chose à retenir, c’est le mariage pour tous. Et mon Arceus que ce fut dur. Dans la plupart des pays du monde, c’est passé comme une lettre à la poste, en France, on s’est retrouvé avec des manifestations de *insérez ce que vous voulez*. Sans compter ce que l’on a pu entendre à l’assemblée nationale. Mme Taubira a eu bien du courage, parce que je crois que plus d’un aurait craqué. Malheureusement, l’adoption pour tous n’a pas suivi, ni la PMA. Le pire c’est que la Manif pour tous (ou plutôt pour personne) n’a pas disparu, n’hésitant pas à s’inviter dans la primaire de la droite. Ça fait bizarre de voir certains acquis vieux de 40 ans menacés par certains. Enfin ce n’est malheureusement pas propre qu’à la France, il n’y a qu’à voire ce qui se passe en Espagne ou en Pologne.
Bon, j’y suis pas allé de main morte sur le bilan d’Hollande, mais c’est parce que j’ai voté pour lui. Il y a toutefois une chose qu’on peut lui reconnaître : il n’a pas de casserole. Il y a eu certes eu l’affaire Cahuzac, il y a eu aussi le phobique fiscale (j’ai oublié son nom), mais pour l’instant il n’y a rien à reprocher à Hollande. À la même époque, Sarkozy se promenait déjà avec une belle batterie. D’ailleurs même si je lynche Hollande, je doute que Sarkozy aurait fait mieux. Je suis franchement déçu de ces cinq ans. Qu’il y ait des échecs, c’est compréhensible, mais là c’est un carnage. J’avoue qu’en 2014, quand je voyais qu’Hollande ne faisait rien, je disais « quitte à être impopulaire, qu’il fasse des choses utiles ». Ils ont tout foiré. D’ailleurs je vais râler, mais éviter de nommer des incapables. Il y a certains ministres qui méritent des claques dans la gueule, et vous savez certainement à qui je pense. Maintenant il va falloir choisir entre onze candidats (même si deux n’ont rien à faire ici), je reste indécis, j’attends de lire les programmes. En espérant ne pas être trop déçu cette fois-ci.